Parlons un peu des photos du Domaine Apicole de Chezelles…
Vous le savez sans doute, les conditions d’éclairage sont très importantes quand vous voulez faire des photos en plein air et si ça change à tout bout de champs, il faut sans cesse refaire les réglages. Un nuage et zou, il faut tout re-régler, ou attendre qu’il s’en aille. Vous me direz que l’on peut aussi utiliser son appareil en mode « automatique » comme tout un chacun (c’est ce que je fais !) mais quand on veut faire les choses dans les règles de l’art, comme Maurice Mary, pas question de céder à ces facilités. Alors voilà, on bidouille l’ouverture, la vitesse, le diaphragme, la netteté et plein d’autres choses auxquelles, entre nous, je ne comprends pas grand chose. Mais quand je vois le résultat sur les superbes photographies d’abeilles et de fleurs de Maurice, eh bien, je me dis que ça en vaut la peine de ce donner tout ce mal.
Vous savez, il peut passer des heures derrière son appareil, à attendre le moment favorable où une petite abeille se présentera sous son meilleur jour. Souvent, cela se passe sur une fleur, bien sûr, ou sur des feuilles. Quelle patience il faut… D’ailleurs, Maurice ne photographie pas que des abeilles domestiques, ces Apis Mellifera que nous connaissons si bien. Non, il photographie aussi d’autres membres de la famille des abeilles, par exemple l’abeille du lierre. Il s’agit d’une abeille solitaire, qui ne vit donc pas en colonie. Il y en a beaucoup en ce moment sur les lierres, je suis sûre que vous en avez déjà vu. Ces amusantes petites bestioles se nourrissent surtout du miel et du pollen du lierre, d’où leur nom ! Remarquez, si vous voulez faire savant, il faut l’appeler la collète, son vrai nom. Tenez, au passage, savez-vous que contrairement à ce que l’on pense, près de 90% de toutes les races d’abeilles sur notre planète sont solitaires, et ne vivent dons pas en groupe ?
En fait, les savants appellent parfois ces abeilles les « abeilles primitives », alors que celles qui vivent en colonies, comme les nôtres ici au Domaine à Chezelles, sont appelées « abeilles supérieures ». Oui, oui, supérieures comme la qualité de leurs produits, naturellement. Pour revenir à notre collète, Maurice en a donc photographié deux l’autre jour, non pas sur du lierre, mais sur du fenouil. Rien de bien extraordinaire me direz-vous, oui, sauf qu’il a réussi à photographier en même temps un petit gasteruption. Qu’est-ce que c’est encore que ce nom barbare, devez-vous penser… Eh bien, c’est un petit insecte volant qui profite toujours des collètes. Comment fait-il ? En réalité, le gasteruption possède un très long tuyau au bout de son abdomen, qui ressemble à un javelot. D’ailleurs, on l’appelle le javelot, cela tombe bien. Mais pas question de Jeux Olympiques, le petit animal se sert plutôt de ce tuyau pour aller pondre ses œufs dans les nids des collètes, sans avoir à y entrer et donc sans prendre de risque. Et puis, lorsque ces œufs écloront, les petits n’auront plus qu’à aller piller les réserves de miel et de pollen des collètes. Malins, les gasteruptions !
En tout cas, arriver à photographier ainsi des collètes et leur compère le gasteruption sur la même image, il faut le faire, bravo Maurice !!
Ah oui, mon grand-père est un sacré perfectionniste. Un perfectionniste de bientôt 85 printemps, figurez-vous, puisque nous allons les fêter ensemble le 23 septembre prochain. Le plus incroyable, c’est qu’il reste un grand gamin, selon le propre avis de son épouse, la célèbre citoyenne-apicultrice berrichonne Paulette. C’est qu’elle le connaît bien, évidemment, et d’ailleurs elle n’hésite jamais à raconter ses exploits aux gentils visiteurs qui viennent nous voir, car lui-même ne le ferait jamais. Timide, Maurice ? Allons !
Pour votre information, mais je crois que vous savez déjà tout cela, voici un rappel du curriculum vitae du citoyen Maurice Mary. Enfin, un court extrait…
– Apiculteur, âgé de 84 ans et 11 mois, pionnier de la Gelée Royale avec nos amis et grands passionnés des abeilles les professeurs Rémy Chauvin (professeur à la Sorbonne, il vécut jusqu’au bel âge de 96 ans) et Eberhardt Bengsch (CNRS) !
– Commandant de réserve !! C’est pourquoi il continue à vouloir commander tout le monde ici !
– Animateur de chorale !!! (avec Paulette, bien sûr.) Il a un joli brin de voix, qu’il attribue à la consommation immodéré de la cuvée de miel qu’il compose lui-même chaque année. On ne saurait le détromper, nous tenons le successeur du grand Caruso.
– Chevalier dans l’Ordre National du Mérite !!!! (ça, il ne s’en vante vraiment jamais, bizarrement…)
– Et donc… photographe de Nature de grand talent. Ses photos ont été reprises par beaucoup de magazines, pas seulement en France. D’ailleurs il dépense tout son argent en matériel photo, ou presque. « C’est mon luxe ! » dit-il toujours, au moins il s’agit d’un luxe très utile, qu’en pensez-vous ?