En direct du Domaine pour la récolte du miel
Pour parler de la récolte du miel au Domaine Apicole de Chezelles, Marie-Cécile sait nous en parler avec passion, de manière précise et claire, au point que nous avons l’impression d’être en direct du rucher...
« Pour être précis, c’est en juillet que les populations dans les ruches sont au plus haut de l’année pour atteindre jusqu’à soixante mille abeilles dans chaque ruche. Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est quand le temps est chaud et à l’orage que les abeilles sont les plus déchaînées. Oui, c’est là qu’elles butinent le plus (et aussi qu’elles sont les plus agressives, d’ailleurs). Mon cher grand-père avait même une expression amusante, il disait que « quand le temps est à l’orage, ça miellerait même sur des pierres ». Donc quand j’étais toute petite et qu’il faisait de l’orage, j’observais bien les pierres pour voir s’il y avait du miel. Ça faisait rire mon grand-père, et ma grand-mère le grondait alors gentiment.
Un peu de technique pour une récolte de miel réussie
Pour les abeilles, le miel est un aliment, bien sûr. Voici donc un petit cours rapide, mais technique. Nous, les apiculteurs, plaçons un deuxième étage par-dessus la ruche elle-même. Ce sont les hausses. Ensuite, nous laissons les abeilles remplir leur ruche. Ce miel, on n’y touchera pas, ce sont les réserves des abeilles, elles en ont besoin. Mais quand la ruche est pleine, les abeilles vont continuer à aller butiner, et elles vont remplir petit à petit la hausse. Ce miel, elles n’en auront pas besoin, mais les abeilles, tant qu’il y a de la place de stockage, poursuivent leur butinage pour nous.
La récolte du miel par les abeilles
Les butineuses vont ramasser du nectar sur les fleurs. Elles le mettront dans leur jabot, puis retourneront à la ruche. Là, ce ne sont pas les butineuses qui vont faire le reste du travail, mais les receveuses. En gros, les butineuses versent le nectar de leur jabot dans le jabot des receveuses. Ce sont ces dernières qui vont aller déposer ce nectar dans les alvéoles de cire dans la ruche. Avant ça les receveuses vont ajouter des enzymes. D’abord de l’invertase, qui convertit le nectar en miel, en transformant le saccharose en fructose et glucose. Puis de l’oxydase, qui va rendre le miel parfaitement résistant aux bactéries, aux micro-champignons, aux toxines ou aux moisissures. Bon, voilà pour la partie scientifique. Mais attention, ça reste du miel très liquide, qui contient beaucoup d’eau.
Il s’agit donc de supprimer une partie de cette eau, et pour ça, les abeilles ventileuses vont entrer en action. Ces dernières vont aller battre des ailes autour des cellules, et cette ventilation va faire s’évaporer une grande partie de l’eau contenue dans le jeune miel. Les ventileuses vont continuer leur travail jusqu’à ce que la quantité d’eau dans le miel soit passée à 18 %. C’est très précis, comme tout ce que font nos petites amies. Et nous, on dit alors que le miel est « mûr ». En gros, cela signifie que c’est officiellement devenu du miel.
A ce moment-là, les abeilles vont déplacer ce miel mûr vers d’autres cellules, puis les abeilles cirières vont refermer chaque cellule avec une fine pellicule de cire. Ça, nous l’appelons l’opercule comme vous pourriez le faire pour des confitures “maison”.
Notre rôle d’apiculteur
Quand la ruche est pleine, les abeilles vont aller ranger le nouveau miel mûr dans la hausse. Et quand la hausse est pleine, nous, on y va. Il faut savoir que les apiculteurs amateurs commencent en général par enfumer les abeilles. Ça ne les tue pas, mais ça les étourdit, et l’apiculteur va ensuite les enlever avec une petite balayette, voire des plumes d’oie pour ne pas les blesser. Nous, on utilise une autre technique, on utilise un souffleur. En gros, c’est un aspirateur inversé, on souffle dans la hausse, et ça fait tout gentiment redescendre les abeilles dans la ruche en dessous. Ensuite, on va rapporter les hausses gorgées de miel à la miellerie, et en sortir les cadres. Là, il faudra d’abord retirer les opercules de cire, pour ça on utilise en général un couteau électrique, c’est bien commode. Pour moi, c’est toujours merveilleux de voir apparaître le miel dans les cellules… Et les magnifiques odeurs !
Ensuite, on place les cadres gorgés de miel dans notre extracteur centrifuge. Le miel qui coule, on va le placer dans des cuves et on va le laisser tranquille pendant un bon bout de temps. Du coup, toutes les impuretés naturelles qui restent, comme des minuscules morceaux de cire, remontent petit à petit à la surface. Plus tard, nous allons simplement retirer ces impuretés à l’aide d’une écumoire, et verser notre miel « tout beau tout neuf tout pur » dans des bidons, puis des pots.
Ce bon miel est 100 % naturel, récolté à froid, non chauffé et non pasteurisé, ce qui lui garantit une qualité remarquable et il ne vous reste plus qu’à le déguster. C’est vraiment l’un de nos trésors.